La Vieille Maison - Épisode 3
by E.M. Zakk
C'est Alice qui appelle Papa au téléphone !
Ne répond pas !
Mais pourquoi est-ce qu'elle l'appellerait si elle sait qu'il est enchaîné ?
Ça n'a pas de sens.
Bonjour ?
Qui est-ce ?
Où est Will ?
Pourquoi vous avez son téléphone ?
C'est Sara, la fille de Will.
Sara ?
Je sais tout de vous.
Vous êtes avec Will ?
Laissez-moi lui parler !
Je n'arrive pas à le contacter.
Où êtes-vous ?
Je suis à Paris.
Il était supposé me rejoindre ici il y a deux semaines, mais il n'est jamais venu.
Est-il... est-il mort ?
Non, mais on lui a arraché les yeux, et il est aveugle maintenant.
Il a été attaché au sol dans le sous-sol de notre ancienne maison.
Oh mon Dieu ! Mon amour ! Will !
C'est vous qui lui avez fait ça ?
Non ! Je vous ai dit... je suis à Paris !
Vous savez qui a fait ça ?
Vous connaissez quelqu'un qui aurait pu lui faire ce genre de chose ?
Il y a une longue pause.
Alors ? Vous savez ?
William et moi... nous avons eu une fille.
Quoi ?
Nous avons eu une fille.
J'ai une demi-sœur.
Quoi ?
Oui. Elle s'appelle Joyce, elle a 18 ans.
Mais je n'en ai jamais parlé à Will.
Pourquoi pas ?
Je... je crois que je me suis senti coupable. J'aimais votre père... mais je n'ai jamais voulu briser sa famille.
Elle a le même âge que moi.
Oui. Je l'ai eue environ au moment de ta naissance, Sara.
Et je n'ai pas voulu rendre sa vie encore plus difficile.
Mais je n'ai probablement pas fait le bon choix.
Joyce a toujours eu l'impression d'être laissée de côté, en grandissant sans père.
Elle n'était pas comme les autres enfants.
Elle était... plus sombre. Dérangée.
J'ai essayé de la faire interner...
Mais même l'asile des fous n'a pas voulu d'elle.
Waouh, je n'arrive pas à croire que c'est la première fois que j'entends parler d'elle.
J'ai fait tout mon possible pour la cacher des yeux du monde.
Et maintenant, Joyce sait qui est son père, et qui vous êtes.
Je ne sais pas comment elle a fait, mais elle le sait.
Mais pourquoi ne vous avez-vous rien dit ?
On aurait pu se rencontrer. Je n'ai jamais voulu être une fille unique.
Non. Vous ne devez pas la rencontrer.
Elle est dangereuse.
Eh bien, j'aurais aimé que vous donniez le choix à votre fille. Cela aurait dû être la décision de Joyce.
La mère de Sara regarde sa fille avec insistance.
Attendez... Joyce ?
Will a eu une fille qui s'appelle Joyce ?
Joyce... Smith ?
C'est la personne...
C'est le nom de la personne qui a acheté cette maison !
Smith... c'est un nom tellement commun. Je n'ai jamais pensé...
Sara est tellement choquée qu'elle en fait tomber le téléphone.
Ils entendent à peine Alice qui continue à parler.
Sara ? Sara ? Répondez-moi !
Vous pourriez être en danger !
Tout à coup, Sara et sa mère entendent le plancher craquer au-dessus d'eux.
Ils entendent des pas qui descendent les escaliers du sous-sol.
Ensuite, une jeune femme aux cheveux emmêlés et vêtue d'une chemise de nuit en flanelle déchirée apparaît devant elles.
Et elle tient un couteau.
Je... suis Joyce Smith.
Qu'est-ce que vous faites dans MA maison ?
Mon dieu, votre voix.
On dirait la voix de votre mère !
C'est VOUS qui m'avait appelée et qui a menacé de tuer ma fille Sara si je ne faisais pas ce que vous disiez.
C'est VOUS qui m'avait dit de dire à la police que Will s'était noyé.
Joyce s'extasie de joie.
Oui, c'était moi.
J'imite bien ma mère, n'est-ce pas ?
Mais... pourquoi ?
Joyce regarde Sara, sa main droite tenant toujours le couteau.
Je n'ai jamais passé de temps avec notre père, à l'inverse de TOI !
Tu l'as eu pour toi pendant 18 ans.
Et j'en ai eu assez ! Je me suis dit que c'était à mon tour.
Elle fait passer le couteau devant Sara.
C'était à mon tour d'avoir TA vie.
Mais je l'aurais partagé avec toi !
J'ai toujours voulu avoir une sœur.
On aurait pu faire des choses ensemble avec lui.
NON !
Je le voulais pour moi toute seule.
Alors, j'ai acheté cette maison.
Vous voyez, le détournement fait partie de ma famille.
C'est à LUI que j'ai volé l'argent !
Ce n'est pas brillant ?
Joyce laisse échapper un nouveau gloussement en rayonnant de fierté.
Et puis, une nuit... je suis allée à son bureau ?
Et je lui ai dit qui j'étais.
C'est à ce moment-là qu'il a appris que tu existais ?
Oui, et il a été surpris, c'est le moins que l'on puisse dire.
Mais il savait que c'était vrai.
Il a vu la ressemblance que j'avais avec lui et ma mère.
Je l'ai fait monter dans ma voiture.
Je lui ai dit que nous pouvions aller dîner et rattraper le temps perdu.
Mais ensuite, je lui ai administré du chloroforme et je l'ai emmené ici à la place.
Dans notre ancienne maison.
Non, dans MA maison.
Maintenant, elle est à moi, espèce de fille stupide et radine.
J'ai mis un bandeau autour des yeux de Papa.
Quand il est revenu à lui, je l'ai emmené ici en lui mettant un couteau sous la gorge.
Oh pauvre Papa !
Je l'ai assommé.
Je l'ai enchaîné au sol.
Et puis je lui ai mis du câble pour que sa bouche reste fermée.
Comme ça, ça me permettait de ne pas l'entendre parler de TOI.
Et quand je lui ai enlevé le bandeau, je...
S'il te plaît ! Ne me parle pas de ça.
Très bien. Nous sommes sœurs, alors je vais être gentille.
Je vais t'épargner les détails un peu gores.
Et j'ai FAIT PREUVE de compassion.
J'ai fait tout cela alors qu'il était inconscient.
Pourquoi ? Pourquoi a-t-il fallu que tu le rendes aveugle ?
Je voulais lui créer une toute nouvelle réalité, avec MOI.
Ce n'est pas vraiment parce que c'était l'endroit où il a vécu avec toi. Mais plutôt parce que c'était un endroit que je pouvais contrôler, où tout était centré sur MOI.
Une nouvelle vie parfaite avec lui et moi JUSTE ICI, où il a vécu avec toi.
Je t'aurais remplacée dans sa vie. TOTALEMENT.
Je pensais que cela pouvait me rendre heureuse...
Il y a une longue pause alors que Joyce regarde au loin.
Puis elle parle d'une voix fredonnante.
Mais ce ne fut pas le cas.
Et qu'est-ce que c'est censé vouloir dire ?
Eh bien, ce n'est pas vraiment contre lui que j'en avais. Mais plutôt contre elle.
Elle pointe Sara.
La précieuse Sara, lui prenant tout son temps.
La précieuse Sara, la lumière de sa vie.
Et puis, j'ai réalisé...
Que le seul moyen pour moi d'être vraiment heureuse, c'était si je suis sa SEULE fille.
Joyce s'approche plus près de Sara avec son couteau.
Mais tout à coup, elle est distraite par le son des sirènes et de pas lourds.
La police est enfin arrivée.
La mère de Sarah se précipite vers Joyce et lui arrache le couteau des mains.
Il passe à quelques centimètres de la tête de Sara et fait un bruit sourd en tombant.
Joyce fonce vers l'arme... et vers sa sœur.
Joyce ! Non ! Je t'en prie !
Ne me fais pas ça ! Nous pouvons être sœurs !
NON ! Il ne peut y avoir QU'UNE fille.
Les doigts de Joyce ne sont plus qu'à quelques centimètres du couteau quand son corps est tiré vers l'arrière... par les bras puissants d'un policier. Il lui met les mains derrière le dos.
Joyce Smith, vous êtes en état d'arrestation pour tentative de meurtre sur la personne de Sara Fine.
Vous avez le droit de garder le silence...
Et tandis que le policier écarte Joyce, Sara et sa mère se serrent l'une contre l'autre, en sanglotant, pour ne plus jamais se lâcher.
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