Le Fantôme - Épisode 1
by Caroline Renee Mills
Alors, comment est la nouvelle maison ?
C'est bizarre de vivre sans toi, maman et papa...
Mais la vue sur le lac est géniale.
Tout comme le nouvel électroménager.
Tout est en inox.
Mais pour être honnête...
Je crois que la maison que j'ai achetée est hantée ou quelque chose comme ça.
Flippant !
Non, vraiment.
Je range mes livres par auteur...
Mais Les Quatre Filles du docteur March finit toujours par se retrouver au mauvais endroit.
Donc...
Des fantômes ?
Les coussins sur le canapé sont également tout aplatis tous les matins.
Comme si quelqu'un s'était assis dessus.
London...
Plus tôt, j'ai laissé du courrier à côté du téléphone.
Je suis allée faire quelques courses...
Mais quand je suis rentrée...
Le courrier était sur la table basse.
Est-ce que tu fais de nouveau des semaines de 80 heures ?
Non.
Je ne donne que trois cours ce trimestre.
Mais on m'a aussi proposé un poste de chercheuse à l'université.
Tu devrais peut-être prendre des congés.
Tu as besoin de repos, Lon.
Probablement.
Je prends des somnifères pour faire taire mon cerveau, mais je me réveille quand même en étant épuisée.
Au fait, comment se passe ton stage de sensibilisation pour avoir conduit sous l'empire d'un état alcoolique ?
Punaise.
Je n'ai pas de problème avec l'alcool, d'accord ?
J'avais bu deux bières quand ce flic m'a arrêtée.
Je ne voulais pas t'énerver, Liv.
Je t'aime.
Je t'aime aussi.
Mais à plus.
Cinq jours plus tard.
Il y a quelque chose de vraiment bizarre avec la maison, Liv.
Qu'est-ce que tu racontes ?
Tu sais, le poème aimanté que j'ai sur le frigo ?
Tous ces mots français ?
Oui, oui.
Eh bien, certains d'entre eux n'arrêtent pas de bouger.
Et le texte que je lis pour le travail...
Le marque-page n'est jamais là où je l'ai mis.
Alors tu crois toujours que la maison est hantée ?
Je ne sais pas.
Je n'ai jamais vraiment cru aux fantômes.
Mais je suis plutôt ordonnée, alors je sais quand mes affaires ont été déplacées.
Honnêtement, je suis perplexe.
Est-ce que tu as parlé de la maison à quelqu'un ?
Autre que moi, évidemment.
J'en ai parlé à papa.
Mais il pense que je suis parano ou un truc comme ça.
Je suis là pour toi.
Merci.
Oh...
Je t'ai envoyé un e-mail avec quelques liens vers des sites de recrutement.
Est-ce que tu y as déjà jeté un œil ?
Je ne veux pas passer la serpillière au centre pour personnes âgées, London.
Ni faire la vaisselle dans un troquet merdique.
Je vais continuer mes recherches, d'accord ?
D'accord.
Peut-être que tu devrais acheter de la sauge.
Tu sais...
Pour tous ces fantômes.
Trois jours plus tard.
London...
J'ai découvert quelque chose sur ta maison.
Quelque chose de vraiment flippant !
Quoi ?
Alors j'ai postulé au poste au centre pour personnes âgées...
Et j'ai parlé à une vieille dame de ton quartier.
Elle a dit qu'elle connaissait une ancienne propriétaire...
Une femme qui s'est suicidée en 1943.
Putain...
Ouais, son mari est parti pour la guerre...
Et garder la maison propre pour lui est devenu une obsession.
Bizarre. On dirait une combinaison étrange entre du feng shui et le guide de la bonne ménagère...
Alors qu'est-ce qui lui est arrivé ?
Son mari a été tué en France...
Alors elle s'est pendue dans le grenier.
Elle n'a été retrouvée que plusieurs semaines plus tard.
Nom de Dieu...
Je sais. Est-ce que tu as jeté un œil au grenier, Lon ?
Pas encore.
Sincèrement, je crois que j'ai besoin d'arrêter de penser aux trucs de fantômes.
Mais je jetterai un coup d'œil...
Bientôt.
Six jours plus tard.
J'ai été voir dans le grenier, Liv.
Et j'ai trouvé une vieille broche...
Comme une que les femmes portaient dans les années 40.
Punaise, vraiment ?
J'ai de plus en plus peur ici.
Parfois, quand je me réveille...
Le four est allumé.
Quoi ?! C'est vraiment effrayant.
Peut-être que la veuve de guerre prépare un gratin.
Sérieusement !
Ou le four pourrait avoir un problème, London.
Et la broche ne prouve pas qu'il y ait un fantôme.
D'accord, d'accord.
J'appellerai un technicien pour qu'il vienne jeter un œil au four.
Super.
Alors, comment se passe la recherche d'appartement ?
Est-ce que tu as jeté un œil à la résidence dont je t'ai parlé ?
Le trou à rats sur South Street ?
Je n'ai pas été acceptée à cause de mon crédit.
Alors je suis toujours chez maman et papa.
Tu trouveras quelque chose, Liv.
Je crois en toi.
Ouais...
Mais tu crois aussi aux fantômes maintenant.
Six jours plus tard.
La broche a disparu, Liv.
Je la garde dans ma boite à bijoux...
Mais elle a disparu, avec mes boucles d'oreilles perles.
Tu crois que je me suis fait cambrioler ?!
Est-ce que d'autres objets de valeur ont disparu ?
Non.
Tous mes appareils high-tech et mes œuvres d'art sont toujours là.
Alors ce n'est probablement pas un cambriolage, Lon.
Ouais, peut-être que la veuve de guerre avait besoin de sa broche...
Et qu'elle aimait mes boucles d'oreilles !
OUAH !
Du calme, d'accord ?
Je commence vraiment à me faire du souci pour toi.
Papa a dit que tu avais l'air bizarre quand il est passé hier.
Bizarre ?
Secouée.
Et il a vu la sauge, London.
Tu m'as dit de brûler de la sauge à cause des fantômes !
C'était une blague.
Écoute...
Tu as besoin de repos, d'accord ?
Prends un cachet et détends-toi.
Je t'écrirai plus tard pour voir comment tu vas.
Quatre jours plus tard.
Olivia...
Tous les vêtements de ma penderie...
Ont été retournés.
Quoi ?
Et les bouteilles d'alcool dans la cuisine...
Je crois que la veuve de guerre en prend des gorgées ou quelque chose comme ça !
Tu vas bien ?
Je ne sais pas.
Tout ça me fait vraiment flipper.
Le suicide de 1943...
La broche dans le grenier...
Je crois que je vais aller à l'hôtel.
London...
Tu n'es pas vraiment hantée par le fantôme d'une veuve de guerre.
Le technicien a vérifié mon four, Liv.
Il fonctionne comme il faut.
S'il n'y a pas de fantôme dans ma maison...
Alors qui fout le bordel dans mes affaires ?
Sincèrement...
C'est probablement toi.
Pardon ?!
Tu travailles trop, Lon.
Il se peut que tu déplaces des choses et que tu oublies.
Est-ce que tu as songé à parler à un thérapeute ?
Je n'ai pas besoin d'un thérapeute...
J'ai besoin d'un exorciste !
Six jours plus tard.
J'ai été virée de l'école, Liv.
Putain.
Pourquoi ?
J'ai raté des réunions...
Annulé des cours...
Tout ça pour faire des recherches sur les exorcismes !
Tu es obsédée, London...
Je suis tourmentée !
Plus tôt, je suis allée chercher du café...
Et quand je suis rentrée...
La vaisselle dans l'évier était propre.
La veuve de guerre à laver la vaisselle, Liv !
S'il te plaît...
Je me fais sérieusement du souci pour toi.
Et j'ai aussi peur pour toi.
Je crois qu'elle n'aime pas que je sois chez elle.
Peut-être qu'elle est en colère parce que je lui donne plus de choses à faire ou un truc comme ça.
Qu'est-ce que tu racontes ?
Les photos de famille que j'ai sur le manteau de la cheminée...
Elle a griffé mes yeux dessus.
Trois jours plus tard.
Je crois que j'ai besoin d'un docteur, Liv.
Pourquoi ?
Ça ne va pas ?
Après avoir brûlé de la sauge, j'ai pris un cachet.
Mais quand je me suis réveillée...
La cuisine était en feu !
J'ai dû m'endormir avec la sauge encore allumée !
Putain de merde, London !
Appelle les secours !
J'ai déjà éteint les flammes avec l'extincteur.
Mais j'aurais pu être tuée !
Tout ça parce que je croyais à un fantôme.
Et ce n'est plus le cas ?
Non...
Je sais que ce n'est pas la veuve de guerre.
Plus maintenant.
Le lendemain matin.
À la faible lueur rosée de l'aube...
London se fait interner à l'hôpital psychiatrique.
Elle pleure lorsque les docteurs l'accueillent...
Mais Olivia reste silencieuse.
Elle savait qu'il y avait un double des clés dans le pot de fleurs chez London.
Entre tous les somnifères et les heures passées au travail...
Olivia pouvait se faufiler à l'intérieur et se faire passer pour un fantôme.
Fini la jolie petite docteur London...
Fini Liv la ratée...
L'enfant à problèmes.
Dans les toilettes de l'asile...
Olivia sourit à son reflet dans le miroir.
Les boucles d'oreilles perles lui vont bien à elle aussi.
App